lundi 24 juin 2013



Hollande veut la transparence dans les affaires avec le Qatar


François Hollande, dimanche, lors d'une visite avec des officiels qatariens sur un chantier du groupe Bouygues à Doha.
Au Qatar, le chef de l'État a insisté sur la nécessaire «réciprocité» dans les échanges avec l'Émirat. Tout en répétant que ses investissements «sont les bienvenus».


Changement de style, peut-être, mais continuité sur le fond, certainement. François Hollande a achevé dimanche sa première visite officielle au Qatar en réaffirmant la «solidité» des liens avec le richissime émirat gazier. Des relations désormais «sans effluves», affirme Jack Lang présent dans la délégation, allusion, sans doute, aux quelques frasques qui ont émaillé, sous Nicolas Sarkozy, les rapports avec ce petit royaume qui s'est acquis parfois une réputation sulfureuse. «Le contexte est différent», a bien insisté le président de la République en mettant en exergue une exigence «de confiance, de réciprocité et de transparence». Avec le Qatar, «il peut y avoir une relation normalement excellente… mais pas excellemment normale», a-t-il même plaisanté.

«Nous savons où sont nos amis»

L'enjeu était aussi de nouer une relation personnelle avec l'émir cheikh Hamad Ben Khalifa al-Thani et sa famille, résolument francophiles et soucieux de maintenir le dialogue sur de bons rails avec un pays où ils possèdent quelques fleurons, du Printemps au club du PSG. «Nous savons où sont nos amis», a martelé durant cette visite le président de la République. Signe de cette continuité, il a même rendu hommage à son prédécesseur pour avoir pris l'initiative de l'«ambitieux» projet du lycée franco-qatarien Voltaire dont il a inauguré, samedi soir, une deuxième implantation à Doha.
«Nos relations d'affaires vont s'approfondir», a assuré François Hollande qui était accompagné d'une quarantaine de chefs d'entreprise (Vinci, Dassault, Bouygues, Alstom…). Plusieurs accords ont été signés, notamment pour la création d'un club d'hommes d'affaires. Le groupe Vinci construira une partie du métro de Doha (pour 1,5 milliard d'euros). Un fonds d'investissement franco-qatarien doté de 300 millions d'euros sera créé, à destination notamment des PME, en lieu et place du «fonds pour les banlieues», proposé l'an dernier pour le Qatar et qui avait créé la polémique. Tant à gauche qu'à droite, des voix s'étaient élevées pour dénoncer une volonté d'islamiser les jeunes issus de l'immigration.
«Les investissements du Qatar sont les bienvenus», a répété le chef de l'État, précisant tout de même qu'ils «doivent être dirigés dans l'intérêt de nos deux pays (…), couvrir tous les domaines de la croissance française». «Il y a des conditions à respecter, des domaines à faire prévaloir et des règles à faire comprendre», a encore souligné le chef de l'État.
Entre les deux pays, le sport continuera de jouer une grande place. Le Qatar s'apprête à investir 200 milliards de dollars d'ici à la Coupe du monde de football qu'il organisera en 2022. La France compte en profiter dans le domaine des transports (un contrat pour la construction d'un tramway par Alstom doit être signé le mois prochain), des infrastructures et de stades - réfrigérés par des systèmes de circulation d'eau, compte de tenu des chaleurs intenses. La France, organisatrice de l'événement en 1998, fera partager au Qatar son expérience. D'ici là, l'Émirat sera mis à contribution pour le financement des infrastructures prévues dans le cadre de l'Euro qui aura lieu en France en 2016.
Enfin, François Hollande a confirmé qu'il «a parlé» avec les dirigeants du Qatar du dossier de l'avion de combat Rafale mais, a-t-il ajouté «pour la suite, je pense qu'il faut laisser les négociations se poursuivre». L'appareil du groupe Dassault Aviation * est en concurrence avec l'Eurofighter.

Aucun commentaire: