Les monnaies émergentes victimes de la FED
La roupie indienne a perdu 5 % en août face au dollar. Crédit Photo : INDRANIL MUKHERJEE/AFP
INFOGRAPHIE - L’indice Sensex de la Bourse de Bombay a enregistré le 16 août une chute de 4 %, la plus forte en deux ans.
La roupie indienne n’était jamais tombée si bas face au dollar, le real brésilien est à la peine, revenu à son niveau de 2009, la roupie indonésienne n’avait pas été aussi faible depuis quatre ans… Le changement de politique monétaire aux États-Unis, que les marchés anticipent désormais pour le mois de septembre, met sous pression les devises émergentes. Pour ces pays qui ont été inondés de dollars ces dernières années, la réduction des rachats d’actifs de la FED sonne le glas de l’argent facile et bon marché. Ceux qui ont le plus besoin des capitaux étrangers pour financer des balances des paiements déficitaires voient donc déjà leurs devises flancher. «Les cinq pays les plus fragiles sont l’Inde, l’Indonésie, la Turquie, l’Afrique du Sud et le Brésil», énumère Maarten-Jan Bakkum, stratégiste chez ING IM.
La roupie indienne, la plus attaquée, a perdu 5 % en août face au dollar, plus de 12 % depuis début juin et 16 % sur l’ensemble de l’année. Car l’Inde cumule les problèmes. «Le pays a un important déficit courant parce qu’il importe beaucoup de pétrole, dont les cours ont monté, et beaucoup d’or, dont les Indiens sont friands», explique Apurva Shah chez BNP Paribas Mutual Fund. La croissance économique, qui dépassait 7 % il y a quelques années, est passée sous les 5 %. «Les marchés craignent qu’elle ne tombe autour de 4 %, alors que l’inflation reste forte, autour de 7 %», ajoute Maarten-Jan Bakkum. Enfin, le déficit budgétaire est élevé et aucune réforme fiscale ne devrait voir le jour avant les élections, prévues l’an prochain.
Limiter les sorties de capitaux
Pour enrayer le glissage de la roupie, les autorités indiennes viennent de décider de relever les droits de douane pour réduire les importations d’or, et de limiter les sorties de capitaux pour les entreprises et les particuliers. «Des mesures qui ne concernent que les citoyens indiens, et non les investisseurs étrangers», rappelle Apurva Shah. Mais ces derniers s’inquiètent quand même. «Pour défendre la roupie, les autorités indiennes vont être contraintes de remonter les taux d’intérêt. Cela pèsera sur la croissance», note Wojciech Stanislawski, gérant chez Comgest.
Pour éviter de suivre le même chemin, les banques centrales d’autres pays émergents, comme le Brésil, tentent d’intervenir sur les marchés des changes. «Elles doivent ralentir la baisse des devises pour éviter une chute brutale qui effraierait les investisseurs étrangers et les inciterait à retirer leurs capitaux», relève Wojciech Stanislawski.
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