vendredi 30 août 2013

Oro

L’or dopé par le conflit syrien

L’or pourrait chuter à nouveau lors de la contraction monétaire américaine.
Alors que le Proche-Orient est sous tension, les investisseurs se tournent vers l’or, ultime valeur refuge qui frise les 1400 dollars. Les experts estiment toutefois que la tendance de fond reste baissière.
Les grandes puissances occidentales tergiversent au sujet d’une intervention militaire en Syrie, ce qui a impacté le cours de l’or qui a flambé à des niveaux records lors des derniers jours. Entre le 26 et le 28 août, il a gagné 2% avec un pic à 1433 dollars l’once. En ces temps de troubles géopolitiques, les investisseurs placent leurs capitaux sur le métal précieux qui constitue une valeur refuge. L’argent a également grimpé de 2,6% à 25.1 dollars l’once.
Le marché haussier de l’or semble être animé d’un élan qui ne s’essouffle pas. Après une chute spectaculaire depuis septembre et un plancher atteint le 27 juin, le cours du métal a gagné autour de 20% au cours de l’été. Il peut ainsi être officiellement qualifié de marché haussier, dont la définition est une hausse d’au moins 20% sur une période de temps restreinte. Quant à l’argent, il a gagné près de 40% depuis juin. Pour Harry Tchilinguirian, à la tête de la stratégie sur les matières premières chez BNP Paribas: «Depuis juillet, si les investisseurs se sont progressivement réfugiés sur l’or, c’est essentiellement parce qu’ils craignent une crise profonde sur les marchés émergents. L’Inde et le Brésil sont dans une situation délicate, et ils font partie des piliers du monde émergent symbolisés par l’acronyme BRICS.».
Il ajoute que le deuxième facteur est le contexte géopolitique international. La crise syrienne abrasive a dopé la demande en métaux précieux. Les investisseurs s’empressent de mettre leurs deniers à l’abri. La menace d’une grève des miniers sud africains qui exigent une revalorisation de leur salaire de base inquiète également les investisseurs car cela pourrait générer une contraction de l’offre.
Difficile pourtant de parier à plus long terme sur cette tendance à la hausse, alors que l’or a dégringolé pendant la majeure partie de l’année. Le marché pourrait connaître à nouveau une baisse lors de la réduction à venir du rachat d’obligations américaines par la Fed (le «tapering» dans le jargon financier).
Historiquement, le cours de l’or est fortement corrélé à la politique monétaire américaine. Les investisseurs ont tendances à aller chercher de l’or en tant que monnaie de substitution lors des périodes d’expansion monétaire, qui dévalorisent le dollar. Au contraire en temps de contraction monétaire, le dollar se revalorise et fait concurrence à l’or en tant que valeur refuge. Pour Harry Tchilinguirian: «Le rebond de l’or a actuellement atteint un niveau technique de résistance qui sera difficile de franchir. Par contre, l’or devrait baisser à plus long terme avec une réduction, puis une fin éventuelle du programme d’achat d’actif (QE3) par la Federal Reserve.».
Aujourd’hui, les tensions syriennes se sont légèrement appaisées, ce qui a engendré une inflexion à la baisse du métal de -0,7% qui est passé légèrement en dessous de la barre des 1400 (1 398). Barack Obama n’a pas encore déterminé la date d’une hypothétique frappe, différée, et le parlement britannique s’est opposé à toute intervention militaire.

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