Bonus des banquiers : l'Europe offre un sursis à Londres
Mots clés : Bonus, Bruxelles, City, Réforme Bancaire, Royaume-Uni, UE, George Osborne
Par Jean-Jacques Mevel
Mis à jour | publié Réactions (1)
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Mardi à Bruxelles, George Osborne, chancelier de l'Échiquier britannique, a pris la mesure de son isolement politique. Crédits photo : GEORGES GOBET/AFP
Faute de ralliement britannique, les vingt-six autres capitales devraient imposer le plafonnement des rémunérations variables des banquiers au printemps.
Correspondant à Bruxelles
L'Europe a finalement choisi d'accorder un sursis de «quelques semaines» à Londres et à la City pour se rallier au plafonnement des bonus des banquiers, faute de quoi les vingt-six autres capitales l'imposeraient à toute l'UE - Royaume-Uni compris.
Quarante-huit heures après que les Suisses ont interdit par référendum les «parachutes dorés» à leurs chefs d'entreprise, le chancelier de l'Échiquier savait en arrivant à Bruxelles qu'il affrontait des vents contraires. L'opinion publique européenne - et britannique dans ce cas précis - n'est pas d'humeur à exempter les banquiers d'une sérieuse reprise en main, au niveau de leur rémunération.
Dans l'UE, ses collègues des finances n'ont pas non plus laissé le choix àGeorge Osborne. À vingt-six contre un, ils ont apporté leur soutien politique à un projet négocié avec le Parlement européen et qui encadre strictement les bonus bancaires: ils seront plafonnés à l'équivalent du salaire ou à deux fois ce montant si les actionnaires donnent au cas par cas un feu vert explicite.
Conscient du rapport de force, George Osborne a donc choisi de négocier à la marge plutôt que de remettre en cause un plafond de rémunération «que le Royaume-Uni applique déjà de façon très rigoureuse», dit-il. Londres s'inquiète en particulier d'un effet pervers induit: lier le bonus au salaire pourrait amener les banques à rehausser le second pour augmenter le premier et détourner ainsi la loi. Le Trésor britannique s'inquiète aussi d'un texte qui s'appliquerait à tous les établissements européens, même hors de l'UE, au risque de provoquer une «fuite des talents» dans des centres financiers rivaux comme New York, Hongkong ou Singapour.
Ces questions «techniques» et quelques autres doivent trouver une réponse «dans les semaines qui viennent», précise le ministre chargé de boucler le projet, l'Irlandais Michael Noonan. Mais pour Londres, il est clair que c'est une chance de sauver la face et non pas de rouvrir la négociation. Si l'on en croit le Financial Times, des banques de la City ont déjà renoncé à ce combat politique et projettent d'attaquer la future loi sous un autre angle: celui de sa conformité aux traités, et notamment l'article 153 qui soustrait les revenus et salaires aux compétences de l'UE.
Au bout du compte, l'Allemagne, qui a tout fait mardi pour garder George Osborne à bord, la France, qui semblait au contraire prête à l'isoler, et enfin le Royaume-Uni devraient se retrouver au printemps pour valider le chapitre essentiel de la loi discutée avec les eurodéputés: les nouvelles règles bancaires dites de Bâle III/CDR4, qui prévoient de renforcer dès l'an prochain le capital et la liquidité des banques.
L'Europe a finalement choisi d'accorder un sursis de «quelques semaines» à Londres et à la City pour se rallier au plafonnement des bonus des banquiers, faute de quoi les vingt-six autres capitales l'imposeraient à toute l'UE - Royaume-Uni compris.
Dans l'UE, ses collègues des finances n'ont pas non plus laissé le choix àGeorge Osborne. À vingt-six contre un, ils ont apporté leur soutien politique à un projet négocié avec le Parlement européen et qui encadre strictement les bonus bancaires: ils seront plafonnés à l'équivalent du salaire ou à deux fois ce montant si les actionnaires donnent au cas par cas un feu vert explicite.
Isolement politique
À Bruxelles, le ministre britannique a pu mesurer son isolement politique. Ses alliés traditionnels sur les dossiers financiers - les Pays-Bas, la Suède, la Pologne ou encore le Luxembourg - ont tous choisi le camp de la fermeté face aux banquiers. La décision devant se prendre par consensus ou si nécessaire à la majorité qualifiée, l'issue ne fait guère de doute: en mars ou au plus tard au printemps, les bonus bancaires seront effectivement plafonnés dans toute l'UE, avec application possible dès 2014.Conscient du rapport de force, George Osborne a donc choisi de négocier à la marge plutôt que de remettre en cause un plafond de rémunération «que le Royaume-Uni applique déjà de façon très rigoureuse», dit-il. Londres s'inquiète en particulier d'un effet pervers induit: lier le bonus au salaire pourrait amener les banques à rehausser le second pour augmenter le premier et détourner ainsi la loi. Le Trésor britannique s'inquiète aussi d'un texte qui s'appliquerait à tous les établissements européens, même hors de l'UE, au risque de provoquer une «fuite des talents» dans des centres financiers rivaux comme New York, Hongkong ou Singapour.
Ces questions «techniques» et quelques autres doivent trouver une réponse «dans les semaines qui viennent», précise le ministre chargé de boucler le projet, l'Irlandais Michael Noonan. Mais pour Londres, il est clair que c'est une chance de sauver la face et non pas de rouvrir la négociation. Si l'on en croit le Financial Times, des banques de la City ont déjà renoncé à ce combat politique et projettent d'attaquer la future loi sous un autre angle: celui de sa conformité aux traités, et notamment l'article 153 qui soustrait les revenus et salaires aux compétences de l'UE.
Au bout du compte, l'Allemagne, qui a tout fait mardi pour garder George Osborne à bord, la France, qui semblait au contraire prête à l'isoler, et enfin le Royaume-Uni devraient se retrouver au printemps pour valider le chapitre essentiel de la loi discutée avec les eurodéputés: les nouvelles règles bancaires dites de Bâle III/CDR4, qui prévoient de renforcer dès l'an prochain le capital et la liquidité des banques.
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