mercredi 6 mars 2013




Mort de Chavez: les marchés pétroliers s’interrogent

Venezuela's President Chavez holds a crude oil sample during a visit to a facility at the oil rich Orinoco belt in Morichal
Hugo Chavez brandit du brut vénézuelien lors d’une visite sur un site pétrolier en août dernier. Crédit Photo : © Handout . / Reuters/REUTERS
Les investisseurs s’inquiètent de l’incertitude politique qui règne dans le pays depuis la mort du président. Quatrième producteur de l’Opep, le Venezuela occupe une place importante sur le marché pétrolier mondial.
Une légère tension plane sur les cours de pétrole ce mercredi, au lendemain de l’annonce de la mort du président vénézuélien Hugo Chavez. Dans les échanges asiatiques ce matin, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en avril gagnait 19 cents à 91,01 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance grignotait 53 cents, à 112,14 dollars. En fin de matinée, les cours repartaient déjà à la baisse avec un WTI à 90,69 dollars et un Brent à 111,35 dollars.
Pas de grand bouleversement donc, mais des interrogations. «Même si la succession de Chavez a déjà beaucoup été évoquée, aujourd’hui, on ne sait pas exactement ce qu’il va se passer et c’est ce qui explique la nervosité des opérateurs», explique Sandrine Cauvin, gérante du fonds Turgot Pure Energy chez Turgot AM.
Le Venezuela est en effet un acteur majeur du monde pétrolier, co-fondateur avec l’Arabie saoudite, l’Iran, l’Iraq et le Koweït, de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) en 1960. Caracas est le quatrième plus gros producteur de l’organisation avec près de 3 millions de barils par jour (mbj) extraits de ses sous-sols. C’est le premier exportateur de pétrole sud-américain. Le pays dispose aussi des plus importantes réserves mondiales de pétrole, devant l’Arabie Saoudite,à 296,50 milliards de barils.

«Garder la main sur le pétrole»

Les investisseurs se demandent notamment si l’héritier désigné par Hugo Chavez, le vice-présidentNicolas Maduro, gagnera aussi facilement qu’attendu l’élection présidentielle prévue dans les 30 jours. Très virulente, l’opposition dénonce déjà sa position de président intérimaire, en vertu d’une interprétation divergente de la constitution du pays.
Les investisseurs attendent également d’en savoir plus sur la stratégie du futur président vis-à-vis des sociétés pétrolières étrangères. Hugo Chavez s’était jusqu’ici montré sévère à l’égard des compagnies internationales, attirées par le bassin de l’Orénoque, situé dans le nord du pays et abritant la plus grande réserve d’hydrocarbures du monde. Une vague de nationalisation a été menée dans le secteur au début des années 2000. L’Etat a donné la priorité et renforcé son emprise sur la compagnie nationale pétrolière Petroleos de Venezuela (PDVSA). «Peut-être que le nouveau gouvernement sera moins dur, mais les investisseurs penchent plutôt pour la continuité, avec un président qui veut garder la main sur ses réserves de pétrole, comme ailleurs en Amérique Latine», explique la gérante.

Objectifs ambitieux

L’enjeu est politique - PDVSA consacre une part importante de son chiffre d’affaires au financement des programmes sociaux du gouvernement socialiste - mais aussi économique. Le Venezuela tire plus de 90% de ses devises du pétrole qui représente 94% des exportations et la moitié du budget de l’État. «Le gouvernement se fixe l’objectif très ambitieux d’une production de 6 millions de barils par jour dès 2018. Mais son secteur pétrolier souffre d’énormes retards dans les investissements», explique-t-on chez Turgot AM. Les raffineries ne sont également pas assez développées pour traiter le pétrole très lourd tiré des terres vénézuéliennes.
Autant d’éléments qui expliquent que la production du pays soit bien inférieure à celle de l’Arabie saoudite (9,3 mbj) qui dispose d’un pétrole plus léger et de bonnes infrastructures rendant son or noir facilement commercialisable. «Mais même s’il n’y a véritablement que l’Arabie saoudite qui peut agir sur les prix en augmentant ou baissant sa production, le Venezuela est un pays qui pèse lourd, écouté au sein de l’Opep et des marchés», prévient Sandrine Cauvin. Les investisseurs garderont donc un œil sur le déroulement de la prochaine élection présidentielle dont l’issue sera déterminante pour le pays et pour les cours du pétrole.

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