États-Unis: la Fed surprend en maintenant sa politique monétaire
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- Par Pierre-Yves Dugua
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La banque centrale américaine n'interrompt pas ses achats d'obligations publiques. Le dollar a accusé le coup.
Le communiqué de la Fed a surpris tout le monde. Au terme d'une réunion de deux jours de son comité monétaire, on voyait la banque centrale américaine annoncer mercredi une réduction modeste de ses achats de dettes publiques. Il n'en a rien été. Notant que le chômage restait à un niveau supérieur à ce qui était «acceptable», que les taux des crédits immobiliers avaient d'eux-mêmes grimpé ces derniers mois, que la forte réduction du déficit budégtaire cette année avait probablement rogné la croissance d'1% cette année, et enfin que l'inflation restait inférieure à son objectif, la Fed a préféré garder le cap.
Elle maintient donc intact son programme de rachat de dettes publiques qui s'élève à 85 milliards de dollars par mois depuis près d'une an. La banque centrale américaine estime qu'il est trop tôt pour commencer à tourner la page sur cinq années de crise sans précédent. Il n'exclut pas cependant que ces rachats soient réduits d'ici la fin de l'année, «si les données qui tombent confirment nos perspectives...tout dépendra de la poursuite de l'amélioration de l'économie» a précisé Ben Bernanke après la publication du communiqué de la Fed.
La réaction des marchés d'actions a été favorable. Les indices Dow Jones et S&P 500 ont même établis de nouveaux records en séance. Le marché obligataire a également poussé un soupir de soulagement. En revanche le dollar a nettement reculé. L'euro s'est rapproché d'1, 35 dollar.
Pour sauver les plus grands établissements financiers des États-Unis, après la faillite de Lehman, en 2008, et pour éviter que la récession ne dégénère en «dépression», la Fed a pris une série de mesures extraordinaires qui l'ont conduite à tripler la taille de son bilan. La fragilité de la reprise américaine, avec une croissance qui s'annonce inférieure à 2% cette année, ne lui permet pas d'abandonner aujourd'hui ses dispositions d'urgence assimilées par beaucoup à un recours dangereux «à la planche à billets». Sa politique de taux directeurs nuls, adoptée fin 2008, n'est pas non plus modifiée pour le moment.
Prudence et patience
En maintenant ses achats d'obligations du Trésor, la Fed reste en mode de crise. Le risque de rechute de l'économie américaine n'est certes plus aussi élevé que l'an dernier. Mais les signes récents d'essoufflement de l'activité dans l'immobilier et le ralentissement de l'embauche au cours de l'été ont déçu et incitent la Fed à la prudence.
Pour fixer le cap de leur politique monétaire, Ben Bernanke et ses collègues doivent tenir compte à la fois du niveau du chômage et de l'inflation. Le chômage, retombé à 7, 3 % en août, diminue en grande partie depuis plusieurs mois du fait d'un découragement des demandeurs d'emploi. Sa réduction n'est donc pas aussi rassurante qu'il y paraît.
Par ailleurs, l'inflation, qui s'établit à 1,5 % au cours des douze derniers mois, reste sensiblement inférieure à l'objectif de 2 % adopté par la Fed. Or une inflation trop faible est désormais considérée comme potentiellement dangereuse. Elle plaide donc aussi en faveur du maintien d'une politique monétaire accommodante.
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