jeudi 4 juillet 2013

BCE

« La BCE ne se désintéresse pas de la croissance économique »

Workers maintain the huge Euro logo in front headquarters of ECB in Frankfurt
Crédit Photo : © Ralph Orlowski / Reuters/REUTERS
Christian Jimenez est un des cofondateurs de Diamant Bleu Gestion, adossée au groupe La Française AM.Il estime que le discours de la Banque centrale européenne est en train de changer dans un sens positif.
LE FIGARO BOURSE - Une nouvelle fois, c’est une intervention de Mario Draghi qui a relancé les marchés. Le président de la BCE est-il un magicien de la communication?
Christian Jimenez - C’est évidemment un grand communicant. Il ne faut pas oublier que le verbe est sa principale arme, l’action de la BCE étant singulièrement restreinte (par rapport à la Fed par exemple) par son mandat. On se souvent de l’impact de son discours de la mi-2012. Après quelques faiblesses, notamment au cours des deux précédentes conférences mensuelles sans relief, les marchés ont eu droit jeudi à du grand Draghi qui a exprimé ce les marché attendaient, même si cela relève toujours du verbe davantage que de l’action.
Concrètement, qu’a-t-il apporté lors de cette nouvelle prestation?
L’atout de Draghi, c’est sa capacité à communiquer sa vision de façon très claire. Ses propos sont bien sentis, bien étudiés et bien exprimés. Sur le contenu, il a été très explicite sur les taux directeurs affirmant que pendant une période prolongée ils resteraient à leur niveau actuel, voire en deçà. Il a été aussi parfaitement clair sur le programme d’Outright Monetary Transactions qui permet à la banque centrale d’acheter directement des obligations d’États européens sur le marché. Il a expliqué que le mécanisme était techniquement en place et prêt à être déclenché dès que nécessaire - on pense évidemment au Portugal, cela a contribué à apaiser l’envolée des taux d’intérêt sur la dette portugaise.
Le patron de la BCE a-t-il expressément choisi ce moment pour s’impliquer sur ces éléments?
Je pense que si ses derniers discours ont eu moins d’impact c’est que sa priorité était d’amener les gouvernements de la zone euro à s’engager vers davantage de solidarité et d’intégration. Mais le bras de fer ne semblant pas fonctionner pour le moment, il a jugé opportun à ce stade de rassurer les marchés. Draghi a en outre souligné que l’inflation est certes un risque mais de façon symétrique la déflation est un risque important qu’il ne faut pas négliger («la stabilité des prix fonctionne dans les deux sens»). C’était son message de service à l’attention des allemands, et cela montre que la BCE ne se désintéresse pas des questions de croissance économique. Il a d’ailleurs indiqué que les prochains mois pourraient être plus difficiles sur le plan de l’activité économique que certains ne l’anticipent, et qu’il ne fallait pas relâcher les efforts.
Pourquoi la BCE est-elle si préoccupée par le niveau des taux d’intérêt?
Une hausse des taux pose d’abord problème en ce qu’elle renchérit les coûts de financement des entreprises. Mais il y a aussi l’aspect du taux de change de la devise: un change modéré permet de faire jouer le moteur des exportations, source essentielle de croissance alors que la conjoncture reste médiocre.

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