Portugal : les marchés sanctionnent la crise politique
Le premier ministre Pedro Passos Coelho sort du parlement après un débat mouvementé, ce vendredi. Crédit Photo : Francisco Seco/AP
Le président évoque des élections anticipées dans un an. Les marchés craignent une crise politique. Les rendements de la dette à dix ans s’envolent à plus de 7 %.
La situation politique de plus en plus chaotique au Portugal sur fond de grogne anti-austérité inquiète les marchés. L’hypothèse avancée par le président de la République d’élections législatives anticipées dans un an - au moment où le pays devrait sortir du plan d’assistance - a ravivé les tensions sur les marchés obligataires. Le taux de la dette à dix ans prenait en début d’après-midi 80 points de base, approchant 7,5 %.
Dans une allocution télévisée mercredi soir, Cavaco Anibal Silva a appelé à «un accord de salut national», en d’autres termes à constituer une grande coalition nationale qui associerait l’opposition de gauche. Aujourd’hui, le premier ministre conservateur Pedro Passos Coelho du PSD détient la majorité absolue au Parlement grâce au soutien du parti de droite, le CDS-PP. Mais il est de plus en plus fragilisé, car son allié critique l’excès de rigueur mené par le gouvernement.
En début de semaine, Pedro Passos Coelho a réussi tant bien que mal à éteindre un premier incendie en convaincant Paulo Portas, son ministre des Affaires étrangères et chef du CDS-PP qui avait présenté sa démission, de revenir sur sa décision et d’accepter le poste de vice-premier ministre. Fait peu banal, il lui a même confié la coordination économique et les relations avec la troïka - BCE, FMI et UE.
Grogne sociale
Et voilà qu’aujourd’hui, le premier ministre se dit prêt à entamer un dialogue avec l’opposition socialiste afin de trouver un «accord de salut national». «Je veux réaffirmer mon engagement en vue d’une concertation entre les trois partis» qui ont souscrit le plan de sauvetage accordé au Portugal en mai 2O11, a déclaré Pedro Passos Coelho lors d’un débat au Parlement sur l’état de la nation. Le plan d’aide de 78 milliards de dollars avait alors été négocié par les socialistes, le PSD et le CDS-PP. «Faisons un accord qui corresponde au désir de tous: conclure avec succès notre programme d’assistance en juin 2014», a-t-il ajouté.
Sauf que le contexte est bien différent, qu’il n’y plus de consensus politique: l’opposition multiplie les déclarations contre les mesures d’ajustement et la population, épuisée par la récession et le chômage au plus haut, devient plus contestataire.
Le report de la huitième mission d’évaluation de la troïka à début septembre n’est pas non plus pour rassurer les marchés. Seule note positive, le trésor portugais a confirmé que les besoins de financement sont couverts sur 2013 et qu’il continuerait à tester le marché avec des émissions de courte durée.
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