vendredi 15 février 2013


Le G20 lève à son tour le pied sur la rigueur

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Par Fabrice Nodé-LangloisMis à jour  | publié  Réactions (1)
Vladimir Poutine et les ministres des Finances, à Moscou, le 15 Février 2013.
Vladimir Poutine et les ministres des Finances, à Moscou, le 15 Février 2013. Crédits photo : ALEXANDER NEMENOV/AFP


La récession dans les pays avancés, plus que la « guerre des monnaies », était au centre des préoccupations des ministres des Finances des vingt pays les plus riches réunis à Moscou jusqu'à samedi.

Le spectaculaire bombardement de météorites qui a fait des centaines de blessés en Sibérie vendredi matin éclipsait largement sur les chaînes de télévision russe la «guerre des monnaies» agitant la réunion des ministres des Finances du G20 à Moscou. Vendredi, au Manège, sous les murailles du Kremlin, pour Mario Draghi, le gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE), Angel Gurria, le secrétaire général de l'OCDE, ou encore Christine Lagarde, la patronne du FMI, le mot d'ordre était de mettre un terme au débat sur les taux de change. Une préoccupation déclenchée ces dernières semaines par la politique monétaire du Japon qui a affaibli le yen et alimentée notamment par les propos de François Hollande la semaine dernière sur l'euro trop fort.
La «guerre des monnaies»? Un débat «stérile et contre-productif» (Draghi), un terme «exagéré» (Lagarde), «il n'y a pas de guerre des monnaies» (Gurria). «Le Japon ne manipule pas le yen, a plaidé Angel Gurria, il utilise sa politique monétaire pour stimuler la croissance» alors «qu'il lutte depuis dix ans contre la déflation» et qu'il vient de connaître un trimestre de récession. «Le principal défi auquel fait face aujourd'hui le G20, c'est de savoir (…) s'il saura proposer une politique qui sortira l'économie mondiale de la stagnation et de l'incertitude pour la mettre sur une trajectoire ferme de croissance», a résumé le président russe Vladimir Poutine, qui recevait les ministres et les patrons de banques centrales au Kremlin, en ouverture des discussions.

«Il faut fixer des objectifs acceptables»

Car, dans une économie mondialisée, la croissance négative qu'ont connue au dernier trimestre 2012 le Japon, les États-Unis et l'Union européenne freine celle des grands pays émergents, Brésil, Russie, Inde, Indonésie, Chine et Afrique du Sud, tous membres du club du G20. Dans ce contexte, l'orthodoxie budgétaire défendue par l'Allemagne compte de moins en moins de gardiens zélés. Le communiqué final, que les ministres et leurs sherpas peuvent amender jusqu'à samedi après-midi, ne mentionne plus, selon un délégué cité par Reuters, d'objectifs budgétaires.
En 2010 à Toronto, le G20 avait fixé à ses membres l'ambition de diviser par deux leurs déficits publics rapportés au PIB en 2013 et de stabiliser leur dette d'ici à 2016. La tendance majoritaire, entendue au Manège, était à l'assouplissement. De quoi soulager Paris, qui vient d'admettre que l'objectif de déficit à 3 % du PIB à la fin de cette année était hors d'atteinte. Mais aussi les États-Unis (avec un déficit de 6,8 % prévu par l'OCDE) ou le Japon et sa dette colossale (plus de 200 % du PIB). Les objectifs «de Toronto n'étaient pas gravés dans le marbre», a justifié Angel Gurria. À ses côtés, le ministre russe des Finances, Anton Silouanov, a abondé: «Il faut fixer des objectifs acceptables.»«S'il y a plus de dépenses et moins de recettes, a repris le patron de l'OCDE, il faut plus de temps» pour respecter les objectifs. Au centre de l'inquiétude du G20, la crise de l'euro a été remplacée par la récession dans les pays avancés. Guère plus rassurant.

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