Le G7 hausse le ton contre la manipulation des changes
Les grands argentiers, dont Pierre Moscovici, excluent un encadrement des cours des monnaies.
Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du G7 ont publié mardi un communiqué où ils s’engagent mutuellement à ne pas se fixer «d’objectif de taux de change». Ils réaffirment par ailleurs «leur engagement de longue date pour des taux de change déterminés par le marché». Le texte a été rédigé à l’issue de communications téléphoniques des grands argentiers des sept pays (États-Unis, Canada, Japon, Allemagne, France, Italie et Royaume-Uni).
Tout en condamnant toute forme d’interventionnisme sur les marchés des changes, le G7 laisse la bride sur le cou à ses pays membres dans leurs stratégies économiques respectives. «Nos politiques budgétaires et monétaires ont été et resteront orientées vers nos objectifs nationaux respectifs en utilisant des instruments nationaux». En d’autres termes chacun est maître chez lui, à partir du moment où il n’empiète pas sur la liberté des autres.
Derrière leur apparente banalité, ces propos dénoncent implicitement les tentations du Japon à manipuler le cours du yen, mais aussi le souhait exprimé par François Hollande que «la zone euro (se donne) un objectif de change à moyen terme».
De façon significative, le Japon et la France ont été les premiers à réagir. De Tokyo, le ministre japonais des Finances, Taro Aso, y a vu un blanc-seing à la nouvelle politique monétaire nipponne de relance. «C’est significatif pour nous, car (le G7) reconnaît que les mesures que nous prenons n’ont pas pour objet d’influer sur les marchés des changes». Il semble oublier avoir dit le mois dernier «qu’il ne verrait aucun inconvénient à un dollar à 100 yens», ce qui signifiait un net recul de la monnaie nippone.
De son côté, François Hollande a quelque peu ravalé son dirigisme en matière de taux de change: «nous devons faire en sorte que les parités ne soient pas utilisées à des fins commerciales». Tel a été son commentaire du G7, lors d’une conférence de presse à l’Élysée. Il faisait allusion à la formule rituelle du communiqué stigmatisant «la volatilité excessive» des monnaies.
Les marchés des changes ont réagi fort logiquement par une baisse du dollar, tant vis-à-vis du yen que de l’euro. Ils considèrent que les tentatives de manipulation par les gouvernements devraient maintenant faire long feu. Mario Draghi, qui doit concilier le dirigisme français et le laisser-faire allemand, n’a pas caché sa satisfaction: «Certains propos sur la politique monétaire sont inopportuns et sans objet», a-t-il déclaré de Madrid, où il a témoigné devant le Parlement espagnol. Sa lecture du communiqué du G7, dont il est l’un des signataires, confirme à l’envi l’indépendance des banques centrales et notamment de la BCE vis-à-vis des gouvernements.
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