L'Europe adopte son premier budget de rigueur
Mots clés : Budget Européen, Bruxelles, François Hollande, David Cameron, Angela Merkel
Par Jean-Jacques MevelMis à jour | publié Réactions (37)
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Le premier ministre britannique jeudi lors des débats Crédits photo : YVES HERMAN/REUTERS
Après avoir frôlé l'échec, les 27 se sont entendus sur une réduction sans précédent du budget jusqu'en 2020. Mais c'est au prix de tensions politiques voire personnelles qui risquent de laisser des traces entre Hollande et Cameron bien sûr, mais aussi avec Merkel.
De notre correspond à Bruxelles,
Une Europe rétrécie et déchirée. Après avoir frôlé l'échec, les Vingt-Sept se sont entendus vendredi sur une réduction sans précédent du budget de l'UE jusqu'en 2020. Mais c'est au prix de tensions politiques, voire personnelles qui risquent de laisser des traces entre François Hollande et David Cameronbien sûr, mais aussi avec Angela Merkel.
Les détails restaient à préciser vendredi en fin de journée, après une nuit blanche et vingt heures de sommet, de conciliabules et des rendez-vous manqués. Mais le bilan est sans appel. L'Europe, affaiblie par la crise, doit rogner sur
son budget pour la première fois. De 2014 à 2020, la baisse sera de 3 % sur les sept années précédentes. Par rapport aux ambitions, l'inversion de trajectoire est encore plus violente: moins 8 % sur les demandes initiales de la Commission Barroso.
Un homme peut en revendiquer le crédit: David Cameron, que beaucoup voyaient déjà marginalisé dans l'UE, après sa décision de demander d'ici 2017 aux Britanniques s'ils veulent ou non rester dans l'Union européenne. Au contraire des espoirs nourris par les Français et les Italiens, il rentre en vainqueur au 10, Downing St. «C'est un vrai négociateur, avec beaucoup, beaucoup de ténacité» reconnaissait-on dans une délégation qui a bataillé pied à pied pour contenir son offensive.
Derrière les chiffres, c'est bien un bras de fer politique opposant des visions contradictoires de l'Europe qui a agité le sommet. Entre François Hollande, promoteur d'un budget européén généreux, et David Cameron, chef de file des sabreurs, le climat est resté glacial de bout en bout. Un épisode, que Paris et Londres cherchent à minimiser, témoigne de la mésentente. Dans la nuit de jeudi, le Français a décliné un rendez-vous de conciliation avec le Britannique, auquel l'invitait le maître de séance Herman Van Rompuy. François Hollande a tout simplement refusé de répondre au téléphone, selonThe Guardian. Du côté britannique on a le sentiment désagréable d'avoir été «snobé».
De fait, loin des espoirs d'entente avec Berlin nourris à Paris, le grand marchandage budgétaire n'a cessé de tourner à l'avantage de David Cameron. «Marché conclu! Cela valait la peine d'attendre» disait hier le président du conseil Van Rompuy pour signaler la fin de partie, sur twitter. Mais à quel prix? Les Vingt-Sept se sont finalement entendus sur un plafond de dépense de 960 milliards d'ici à 2020. Mais le chiffre de 908 milliards d'euros pour les credits de paiement (dépenses effectivement programmées) est plus près des exigences britanniques (905) que du plancher que l'Élysée croyait pouvoir imposer (913). «Au bout du compte, c'est toujours Angela Merkel qui fait pencher la balance», note un diplomate.
Une Europe rétrécie et déchirée. Après avoir frôlé l'échec, les Vingt-Sept se sont entendus vendredi sur une réduction sans précédent du budget de l'UE jusqu'en 2020. Mais c'est au prix de tensions politiques, voire personnelles qui risquent de laisser des traces entre François Hollande et David Cameronbien sûr, mais aussi avec Angela Merkel.
Un homme peut en revendiquer le crédit: David Cameron, que beaucoup voyaient déjà marginalisé dans l'UE, après sa décision de demander d'ici 2017 aux Britanniques s'ils veulent ou non rester dans l'Union européenne. Au contraire des espoirs nourris par les Français et les Italiens, il rentre en vainqueur au 10, Downing St. «C'est un vrai négociateur, avec beaucoup, beaucoup de ténacité» reconnaissait-on dans une délégation qui a bataillé pied à pied pour contenir son offensive.
Un double succès politique pour David Cameron
Le premier ministre britannique quitte Bruxelles en gardant quasiment intact le fameux «rabais» de 4 milliard d'euros arraché en 1984 par Margaret Thatcher. Contre toute attente, le chef conservateur rentre aussi à Londres avec un double succès de politique intérieure. Aux «Europhobes», il confirme sa capacité à limiter les ambitions d'une Europe jugée envahissante. Aux «Europhiles», il démontre que le Royaume-Uni peut peser puissament sur la décision, s'il se résout finalement à l'intérieur de l'UE.Derrière les chiffres, c'est bien un bras de fer politique opposant des visions contradictoires de l'Europe qui a agité le sommet. Entre François Hollande, promoteur d'un budget européén généreux, et David Cameron, chef de file des sabreurs, le climat est resté glacial de bout en bout. Un épisode, que Paris et Londres cherchent à minimiser, témoigne de la mésentente. Dans la nuit de jeudi, le Français a décliné un rendez-vous de conciliation avec le Britannique, auquel l'invitait le maître de séance Herman Van Rompuy. François Hollande a tout simplement refusé de répondre au téléphone, selonThe Guardian. Du côté britannique on a le sentiment désagréable d'avoir été «snobé».
Paralysie confirmée de l'axe franco-allemand
Cette passe d'armes prévisible de part et d'autre de la Manche cache un arrière-plan plus inquiétant pour l'avenir: la paralysie confirmée de l'axe franco-allemand. Angela Merkel, partie-prenante du fameux rendez-vous de conciliation, a elle aussi vainement attendu le président français, même si elle l'avait déjà rencontré par ailleurs. «Le fond du problème, c'est un profond désaccord politique entre Paris et Berlin, explique un responsable. Il finit par gripper toute la machine européenne.»De fait, loin des espoirs d'entente avec Berlin nourris à Paris, le grand marchandage budgétaire n'a cessé de tourner à l'avantage de David Cameron. «Marché conclu! Cela valait la peine d'attendre» disait hier le président du conseil Van Rompuy pour signaler la fin de partie, sur twitter. Mais à quel prix? Les Vingt-Sept se sont finalement entendus sur un plafond de dépense de 960 milliards d'ici à 2020. Mais le chiffre de 908 milliards d'euros pour les credits de paiement (dépenses effectivement programmées) est plus près des exigences britanniques (905) que du plancher que l'Élysée croyait pouvoir imposer (913). «Au bout du compte, c'est toujours Angela Merkel qui fait pencher la balance», note un diplomate.
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