mercredi 27 février 2013


Rigueur : François Hollande ne s'interdit rien

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Par Nicolas BarotteFrançois-Xavier BourmaudMis à jour  | publié  Réactions (175)
François Hollande, le 21 février, à la Sorbonne, à Paris.
François Hollande, le 21 février, à la Sorbonne, à Paris. Crédits photo : PHILIPPE WOJAZER/AFP


Face à la dégradation économique, le chef de l'État ne renonce ni aux hausses d'impôts ni aux économies.

Coincé. Entre des ministres qui assurent, d'un côté, être arrivés au bout des économies possibles et, de l'autre, des socialistes qui appellent à arrêter les hausses d'impôts, François Hollande va devoir faire des mécontents. A fortiori s'il veut redresser les comptes du pays, comme il l'a promis et comme l'Europe l'y oblige. Le chef de l'État a annoncé samedi de nouvelles économies et «subsidiairement» de nouveaux prélèvements. De quoi démoraliser la majorité et exciter l'opposition.
Déjà, à droite, on dénonce par avance d'éventuelles hausses d'impôts à venir. Pour le patron des députés UMP, Christian Jacob, le gouvernement est en train de «nous la jouer sur l'air du Tout va très bien Madame la Marquise, alors qu'on voit dans quel matraquage on risque de partir, vu que sa ligne n'est pas de réduire les dépenses mais d'augmenter les impôts».
À gauche, la mise en garde est venue presque conjointement du patron du PS, Harlem Désir, et du président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone. Le premier a appelé le chef de l'État à «ne pas en rajouter» sur la fiscalité. Le second l'a assuré dans une interview aux Échos mardi: «La priorité va à la réduction des dépenses. Je suis contre une nouvelle hausse générale d'impôts.» Tout cela dans un contexte de hausse massive du chômage.
Depuis l'Élysée, François Hollande a écouté et observé les réactions. Autour de lui comme au sein du gouvernement, on feint de s'étonner. «Le propos du président ne m'a pas frappé», affirme le ministre de l'Économie, Pierre Moscovici… juste avant d'avoir rendez-vous avec le chef de l'État.
Au petit déjeuner de la majorité, mercredi à Matignon, il a surtout été question des 6 milliards d'euros à trouver évoqués par le ministre délégué au Budget, Jérôme Cahuzac, pour compenser des recettes qui n'existent plus. «Ce sont 6 milliards de substitution», prévient-on. «Il faudra que les prélèvements obligatoires restent ces mêmes, sans augmenter, je l'espère, en 2014», a déclaré Jérôme Cahuzac mardi. Tout le monde aura noté le «j'espère».
Devant les responsables de la majorité, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a réaffirmé qu'il faudrait donner la priorité aux économies. «Ensuite, on verra», a-t-il dit prudemment. Le président et le chef du gouvernement s'inquiètent aussi pour leur communication: pour que les décisions prises en 2013 pour 2014 «n'apparaissent pas comme nouvelles». Exemple: la hausse de la TVA décidée pour financer le crédit d'impôt compétitivité.
Ne pas trop en dire… «Le rôle d'un président et d'un gouvernement, ce n'est pas d'être en avance sur les mauvaises nouvelles», explique un responsable de la majorité. L'exécutif ne veut pas compromettre le retour de la confiance, s'il est possible.
En attendant, c'est du côté de l'Italie que les socialistes cherchent de l'air. Les résultats des élections ont été observés de près, et lus comme un avertissement contre un excès de rigueur. «Ce qui est remis en cause, ce n'est pas le sérieux budgétaire», a assuré Thierry Mandon, porte-parole du groupe PS à l'Assemblée, mais de «ne proposer au peuple que des efforts sans horizon de croissance».

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