mardi 8 mai 2012

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Des milliards en jeu derrière le chaos politique grec

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Par Guillaume Guichard Mis à jour | publié Réactions (165)
Meeting politique à Athènes. La Grèce ne peut pas survivre au sein de la zone euro sans l'aide internationale.
Meeting politique à Athènes. La Grèce ne peut pas survivre au sein de la zone euro sans l'aide internationale. Crédits photo : Thanassis Stavrakis/AP


Le pays le plus malade de la zone euro reçoit des injections financières massives de la part du Fonds monétaire international et de l'Union européenne. Combien leur a-t-on déjà versé? Qu'arriverait-il si l'aide était suspendue?


Combien la Grèce a-t-elle reçu?

Le pays en est à son deuxième plan d'aide, financé par l'Union européenne et le Fonds monétaire international. Le premier, qui s'étalait de 2010 à début 2012, s'est élevé à 110 milliards d'euros. Le second, dont le déboursement a débuté en ce début d'année et devrait s'échelonner jusqu'en 2014, s'élève à 130 milliards d'euros. En échange de ces prêts, la Grèce s'est imposé des plans d'austérité comme jamais aucun autre pays n'en a connu avant elle. Les électeurs ont montré dimanche dernier qu'ils n'en voulaient plus, en votant à 70% pour des partis anti-rigueur.
Ces derniers mois, le FMI et l'Union européenne se sont montrés généreux envers la Grèce: 70 milliards d'euros ont été versés. Tout n'a pas fini dans les caisses de l'État, loin de là. L'État grec a lui-même reçu au total 9,2 milliards d'euros depuis début mars de la part du Fonds européen de stabilité financière (FESF), au titre du deuxième plan d'aide international. Les ministres des Finances de la zone euro devraient débloquer lundi prochain une nouvelle tranche de 5,3 milliards d'euros. Le FMI doit pour sa part verser 1,7 milliard d'euros entre avril et juin. S'il estime, d'ici à mi-juin, que la Grèce a bien tenu ses engagements de réduction des dépenses publiques.
L'essentiel des versements a été dirigé vers le secteur financier. Les banques grecques, au bord de l'effondrement, ont été placées sous perfusion (25 milliards d'euros). Les créanciers internationaux du pays ont pour leur part reçu 30 milliards d'euros. Une compensation pour avoir accepté d'effacer, le 9 mars, une centaine de milliards que la Grèce leur devait (sur une dette totale de 350 milliards).

Combien doit-elle, et à qui?

Depuis l'accord passé le 9 mars entre Athènes et les investisseurs privés pour effacer avec une partie de son ardoise, la dette du pays a fondu de 337 milliards à 251 milliards d'euros. Dans le même temps, la part de la dette détenue par les créanciers privés a été divisée par deux. En clair, seuls 27% de la dette reste entre les mains des banques et autres établissements financiers. Dorénavant, le risque de pertes liées à une faillite de la Grèce plane en grande partie au-dessus de l'Union européenne et du FMI, plus sur la tête des marchés.

Quand doit-elle rembourser sa dette?

Plusieurs échéances financières se télescopent avec les événements politiques en Grèce et dans la zone euro ces prochaines semaines. Le 14 mai, les ministres de la zone euro doivent se réunir pour décider d'un nouveau versement à la Grèce. Le lendemain, le pays doit rembourser environ 450 millions d'euros à des investisseurs privés qui n'ont pas voulu faire une croix sur leurs obligations grecques. Le 18 mai, Athènes doit retourner 3,4 milliards d'euros à la Banque centrale européenne (BCE), qui a racheté des obligations grecques au plus fort de la crise. Fin juin, elle devra de nouveau quelques millions d'euros aux investisseurs, puis de nouveau en août quelque 3,3 milliards d'euros à la BCE.

Pourrait-elle tenir sans aide internationale?

La Grèce dit pouvoir tenir jusqu'à fin juin. Si à cette date l'aide internationale est suspendue, les ennuis commenceront. Les échéances électorales sont calquées sur les exigences financières. Si les partis échouent à former un gouvernement de coalition d'ici à jeudi soir, de nouvelles élections se tiendront le 10 ou le 17 juin. Le nouveau gouvernement devra alors, avant le 30, élaborer dans l'urgence un nouveau plan de rigueur pour satisfaire aux exigences du FMI et de l'UE. Il recevrait en échange un nouveau versement lui évitant la faillite.
Et si cela ne se passe pas comme prévu? Privé de l'aide internationale, le gouvernement grec serait à court de cash rapidement, vu qu'il dépense plus qu'il ne gagne. Il ne pourrait plus payer les fonctionnaires ni les pensions des retraités. Sans parler de régler les factures de ses fournisseurs.

La Grèce peut-elle sortir de l'euro?

Un tel scénario a désormais entre 50% et 75% de chances de se réaliser, selon les analystes de la banque américaine Citi. Le consensus des économistes estime que ce scénario serait un remède bien pire que le mal. L'activité économique de la Grèce pourrait s'effondrer de moitié, selon Stéphane Déo, économiste chez UBS. Les créanciers de la Grèce, au premier rang duquel les pays de la zone euro, la BCE et le FMI, seraient probablement obligés de faire une croix sur les milliards prêtés au pays.
Toutefois, une sortie de la Grèce «ne signifierait pas la fin de l'euro», a déclaré le président de l'agence de notation Fitch Ratings, Paul Taylor, dans une interview au Spiegel Online. L'agence a prévenu cependant la semaine dernière que si le pays sortait de façon non ordonnée, cela pourrait entraîner la dégradation des notes de tous les pays de la zone euro, y compris celles des pays les plus solides comme l'Allemagne. En effet, explique Fitch, «les conséquences en cascade sont imprévisibles et potentiellement énormes».

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