vendredi 18 mai 2012

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L'Europe peine à garder la tête froide sur la Grèce

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Par Jean-Jacques Mevel Mis à jour | publié Réagir


Berlin a démenti avoir suggéré à Athènes un référendum sur l'euro. Le discours européen ne peut ignorer le scénario de rupture, tout en prenant garde à ne pas enflammer les marchés.

De notre correspondant à Bruxelles
Nouveau coup de théâtre ce vendredi en fin d'après-midi. Dans un communiqué, le premier ministre grec par intérim a rapporté les propos d'une conversation entre le président Karolos Papoulias et Angela Merkel qui s'est tenue plus tôt. Lors de cet entretien, la chancelière allemande aurait ainsi «évoqué l'idée d'organiser un référendum sur la question de savoir si les citoyens grecs souhaitent ou non rester dans la zone euro». Cette consultation serait organisée «en parallèle des élections» du 17 juin pour régler l'absence de majorité après le scrutin du 6 mai qui a empêché depuis la constitution d'un gouvernement.
Cette petite bombe susceptible de redistribuer les cartes de l'imbroglio grec - et ce d'autant plus que l'Allemagne, avec la France, avait rejeté en 2011 la proposition de l'ex-premier ministre George Papandréou de procéder à un référendum - a été démentie dans la foulée par un porte-parole d'Angela Merkel. «Ceci est faux et nous le réfutons complètement», a-t-il déclaré.
Cette proposition, réelle ou non, de la chancelière allemande est intervenue à l'issue d'une journée où a régné une importante cacophonie sur le sort de la Grèce dans la zone euro. «La BCE et la Commission européenne (…) étudient des scénarios de secours au cas où la Grèce ne s'en sortirait pas», avait ainsi lâché le matin le commissaire européen Karel De Gucht pour convaincre les Grecs de faire des sacrifices s'ils veulent garder l'euro. Il a suffi qu'une agence de presse transforme l'hypothèse en «plan d'urgence» pour que les marchés s'enflamment. Bruxelles a ensuite nié jusqu'à l'existence d'un scénario de crise mais le mal était fait.
Le week-end dernier, c'est José Manuel Barroso qui avait lui-même mis le feu aux poudres en disant qu'il «vaudrait mieux» que la Grèce quitte l'euro si elle refuse de jouer le jeu. Le président de la Commission avait ensuite dû faire amende honorable en assurant qu'Athènes «fait partie de la famille». Lundi, c'est Maria Fekter, la ministre autrichienne des Finances, qui s'est fait taper sur les doigts parce qu'elle voulait sortir la Grèce de l'euro, quitte à la réadmettre ensuite.

Une faillite plus coûteuse

En Grèce, la gauche radicale Syriza, créditée de 20 % des votes dans les sondages, voit dans les élections du 17 juin une consultation populaire pour ou contre l'austérité, l'euro devant rester dans le tableau. L'Europe, lasse de payer sans résultat, distille quant à elle un message plus compliqué: le 17 juin ce sera un référendum pour ou contre la monnaie commune, sachant que le rejet de l'euro entraînerait une faillite encore plus coûteuse pour les Grecs. La démarche (responsabilité grecque maintenant, solidarité européenne plus tard) a été convenue à Athènes avec les deux partis traditionnels, les conservateurs de la Nouvelle Démocratie et les socialistes du Pasok. L'Europe veut faire comprendre aux Grecs qu'ils ne pourront pas arracher le beurre et l'argent du beurre. En retour, les Européens offrent une promesse de temps meilleurs. Jean-Claude Juncker pour l'Eurogroupe, Mario Draghi pour la BCE ainsi que François Hollande et Angela Merkel à Berlin se sont donc pliés à l'exercice en affirmant tous que «la Grèce doit rester dans l'euro».
Une stratégie qui pourrait au final être payante. Les conservateurs ont repris l'avantage sur leurs rivaux de Syriza ces derniers jours d'après les sondages, avec la perspective d'une majorité favorable à l'austérité. Karel De Gucht le dit lui-même: la fin de partie est engagée et la question est de «savoir si chacun pourra garder son sang-froid» jusqu'au bout. Réponse dans moins d'un mois…

Le plan de Trichet pour sauver l'euro…
Pour éviter l'éclatement de l'euro, l'ancien président de la BCE Jean-Claude Trichet assure avoir un plan: placer le pays en difficulté financière sous la tutelle de Bruxelles, s'il s'avère incapable d'appliquer les politiques budgétaires approuvées par l'UE. Il s'agirait d'actionner un mécanisme fédéral «exceptionnel», quand la politique budgétaire d'un État membre dérape au point de menacer l'Union monétaire.
«Le fédéralisme d'exception me semble non seulement nécessaire pour garantir une solide union économique et monétaire, mais il pourrait aussi s'adapter à la véritable nature de l'Europe sur le long terme» a déclaré l'ancien président de la BCE devant l'institut Peterson à Washington. L'idée n'est pas nouvelle. Elle avait été proposé par le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, qui voulait confier les finances de la Grèce à un «supercommissaire». Une ingérence rejetée par Athènes car jugée «antidémocratique».

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